La diversification de
Soitec dans le solaire est un échec. Cinq ans après le rachat de l'Allemand
Concentrix Solar, essaimage de l'institut Fraunhofer des énergies solaires (Fraunhofer-ISE) de Fribourg spécialisé dans le
photovoltaïque à concentration (CPV), et quelque 400 millions d'euros d'investissements, la société de Bernin va s'en désengager pour se recentrer sur son cœur de métier historique, l'électronique (voir l'article sur VIPress.net en cliquant
ici). La non-concrétisation de 150 MW de commandes CPV aux Etats-Unis avait déjà entraîné des mesures de réduction des coûts opérationnels et des effectifs dans l'usine de San Diego le mois dernier. L'objectif consiste maintenant à « monnayer » la valeur des actifs dans le solaire, a souligné Paul Boudre, désormais directeur général de Soitec …
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Lors d'une conférence téléphonique ce lundi 19 décembre, les dirigeants du spécialiste des matériaux semiconducteurs de hautes performances pour l’électronique et l'énergie ont en effet dévoilé que le désengagement du solaire s'accompagnait aussi d'un changement de gouvernance, avec la dissociation des fonctions de président du conseil d’administration et de directeur général. Ainsi, Paul Boudre, directeur général délégué depuis juin 2008, devient directeur général, tandis qu'André-Jacques Auberton-Hervé demeure président du conseil d’administration.
Les détails de la restructuration du groupe et les options concernant la division énergie solaire devraient être précisés dans les prochaines semaines et/ou mois. Dans un communiqué de presse préalable, qui annonçait la décision unanime prise par le conseil d'administration le 16 janvier dernier,
Soitec dit seulement « avoir déjà engagé plusieurs actions visant à réaliser la valeur de la division Énergie solaire associées à d'importantes mesures de restructuration à venir. La société examinera le scénario le plus approprié pour extraire la valeur de ses actifs liés à l'énergie solaire. »
Il reste donc à estimer les actifs non négligeables développés dans le solaire par la société. Cette dernière a en effet développé et industrialisé la technologie CPV, mis en place la filière d'approvisionnement à l'aide de partenariats (pour les lentilles et les systèmes de montage et autres trackers), et démontré sa viabilité notamment au travers de la centrale CPV de 44 MWc réalisée pour
Eskom à Touwsrivier en Afrique du Sud (qui devrait d'ailleurs lui rapporter quelque 40 millions d'euros dans les prochains mois). Elle a aussi fait progresser la R&D et mis au point une nouvelle génération de cellules solaires. Toutes ces avancées n'ont toutefois pas suffi à faire oublier le principal défaut de la technologie CPV, qui est aussi le plus gros frein à son déploiement : son coût d'installation, d'où découlent les problèmes de financement. Ceci alors que les prix du PV classique fondent (presque) comme neige au soleil.
Soitec a néanmoins précisé vouloir honorer les contrats signés avec ses clients existants, notamment concernant les projets lauréats des appels d'offres de la CRE.
Pour autant, les options de sortie ne sont pas nombreuses. Selon les dirigeants, la division pourrait être vendue ou transformée pour viser de nouvelles applications, éventuellement avec de nouveaux partenaires. Des applications, par exemple dans l'espace, pourraient être appréhendées ce qui élargirait aussi les possibilités de partenariat.
A la mi-novembre, lors de la publication des résultats semestriels, l'optimisme restait encore de mise, notamment après la cession de 150 MW(ac) de contrats d’achat d’électricité, initialement signés avec
San Diego Gas & Electric, à un important fournisseur d’énergie. Or c'est justement le nouveau propriétaire de ces contrats qui, quelques jours avant Noël, a informé Soitec que des obstacles majeurs bloquaient la réalisation du projet. Les conditions administratives ne pouvant être toutes satisfaites dans les délais requis, la firme savait que les commandes de systèmes CPV, attendues et nécessaires pour faire tourner l'usine de production de San Diego ne se concrétiseraient pas. Suite à une première déconvenue au printemps concernant un autre projet de 150 MWc également sur le sol américain (voir nos articles
ici et
ici ), le portefeuille de projets de Soitec se réduisait à seulement 70 MWc outre-Atlantique. La société a donc immédiatement réduit d'environ 100 personnes les effectifs de l'usine. Olivier Brice, directeur financier de
Soitec, a chiffré à 5 M€ les économies ainsi réalisées. Les coûts fixes de la division solaire s'élèvent à quelque 65 millions d'euros.
Soitec a réalisé un chiffre d'affaires de 38,6 M€ avec son activité solaire sur les neuf premiers mois de l'exercice 2014-2015, dont seulement 3,4 M€ au 3e trimestre. Pour le premier semestre 2014-2015, le résultat opérationnel de la division affichait une perte totale de 61,9 M€ (après 143,3 M€ de pertes opérationnelles sur l'ensemble de l'exercice 2013-2014).
