L'essentiel Mardi 16 Avril @ VIPress.netAvec TetraSun, First Solar se dote d'une filière PV en silicium
La surprise est de taille : First Solar, le champion des panneaux photovoltaïques à couches minces en CdTe, affiche sa bonne santé et complète son offre avec une filière PV silicium en reprenant TetraSun, une société californienne spécialisé dans les cellules solaires en silicium cristallin. L'Américain reste toutefois fidèle à son credo qui est la recherche du plus bas coût. Ainsi, la technologie c-Si de TetraSun fait appel à des interconnexions en cuivre, moins coûteux que l'argent. Parallèlement, la firme accélère sa feuille de route dans la technologie CdTe …
La crise du solaire ne semble donc pas avoir de prise sur First Solar qui a dévoilé un bilan 2012 avec un chiffre d'affaires en hausse de 22%, à 3,36 milliards de dollars. Sur l'ensemble de l'année, la perte nette s'établit encore à 96,3 M$, malgré trois trimestres positifs et en hausse constante (154,2 M$ au 4e trimestre). Côté technologie, après une tentative dans les couches minces CIGS, l'Américain s'était recentré sur son choix historique (CdTe) qui, pour des raisons de toxicité, n'est toutefois pas vraiment conseillé pour le PV en toiture. Or ce secteur apparaît de plus en plus comme un fort vecteur de déploiement du PV dans de nombreux pays.
Concernant la reprise de TetraSun, la transaction, dont les détails n'ont pas été dévoilés, devrait être finalisée dans le courant du 2e trimestre 2013. First Solar a signé un accord définitif de rachat avec JX Nippon Oil & Energy, l'actionnaire principal de TetraSun, et les autres investisseurs, y compris les dirigeants de la firme. A noter que des discussions sont également en cours avec JX Nippon Oil & Energy en vue de distribuer la technologie c-Si de TetraSun au Japon où, au demeurant, les toitures solaires sont actuellement très en vogue.
L'architecture de la cellule solaire de TetraSun diffère des autres approches à base de silicium : elle serait plus simple et optimisée pour une fabrication avec un nombre réduit d'étapes, des équipements standardisés et des tolérances plus larges, tout en offrant un rendement de conversion potentiellement supérieur à 21%. Sa production serait donc moins coûteuse en volume. Elle fait appel à des tranches de silicium de type N de 156 mm de côté et, outre qu'elle recourt à du cuivre comme métal d'interconnexion, elle fait aussi l'impasse sur la couche d'oxyde conducteur transparent (TCO). Enfin, elle bénéficierait d'un coefficient de température plus favorable à une utilisation sous très fort ensoleillement que les approches silicium classiques. First Solar prévoit de démarrer l'industrialisation à échelle commerciale au deuxième semestre 2014.
CdTe: un rendement de conversion de 18% en 2016 ?
Parallèlement à l'annonce du rachat de TetraSun, First Solar a aussi dévoilé son nouveau record de 16,1% (vérifié par le laboratoire indépendant NREL) en terme de surface active sur ses panneaux PV CdTe, qui constitue un bond de performance comparé aux 14,4% atteints en janvier 2012. S'y ajoute un record de la tension en circuit ouvert de 903,2 mV, un paramètre critique pour la performance de conversion. La firme a d'ores et déjà transféré ces résultats de R&D en production, pour en faire bénéficier sa nouvelle gamme de panneaux PV, la Series 3 Black. Partant, elle a aussi réajusté sa feuille de route technologique, et prévoit maintenant d'atteindre un rendement de conversion dans une fourchette de 15 à 16,2% à l'horizon 2015, de 16,2 à 16,9% en 2016, et de 16,4 à 17,1 en 2017. Dans une présentation à des analystes, la firme a toutefois estimé qu'un rendement de conversion de 18% pourrait être possible au niveau du module PV dès 2016.
Filière PV en difficultés : les syndicats lancent un appel au gouvernement
Après le Syndicat des énergies renouvelables et sa branche Soler (voir [L]http://article.lechodusolaire.fr/?id=hctonftp0204osdy|notre article[/L]), Enerplan fustige à son tour l'inadaptation du nouveau cadre des appels d’offres pour le photovoltaïque, aussi bien pour les centrales de 100 à 250 kW qu'au-delà de 250 kW pour la survie des entreprises du secteur PV en France, en particulier pour les PME/PMI, et demande l’extension du tarif d’achat jusqu’à 250 kW …
Pour Enerplan, les mesures d'urgence incluent des barrières démesurées, pénalisantes et/ou insurmontables pour les PME. Ses critiques :
- le cahier des charges de l’appel d’offres pour des projets PV de plus de 250 kW prévoit une obligation de « contribution à la R&D dans le secteur du solaire » ainsi qu'une garantie de démantèlement, deux critères représentant de grandes difficultés pour les PME ;
- concernant l'appel d'offres pour des toitures de taille moyenne de 100 à 250 kWc, les deux dernières tranches de l'ancienne mouture ont été annulés et seuls 115 MW d'un volume cible de 300 MW initialement prévu attribués ; la nouvelle mouture prévoit maintenant d’attribuer 120 MW en trois tranches équivalentes de 40 MW mais les lauréats ne seront connus qu'en 2014 puisque la date limite de dépôt des dossiers a été fixée au 31 octobre 2013 pour la première tranche ; il en résulte donc deux années consécutives (2013 et 2014) de très faible activité pour les PME sur le segment des toitures photovoltaïques de taille moyenne.
Du côté du SER-Soler, dont les dirigeants ont rencontré la ministre de l'énergie Delphine Batho le 10 avril dernier, peu d'informations ont filtré. La concertation devrait toutefois s’ouvrir prochainement avec la DGEC afin de préparer le cahier des charges du second appel d’offres pour des centrales de 100 à 250 kW, qui devrait comprendre un lot dédié au solaire avec stockage dans les DOM. Les problèmes de financements auraient également suscité l'attention de la ministre, qui semble par ailleurs disposée à assouplir les contraintes dans le choix des matériels d'une installation en cours de réalisation.
Advanced Energy rachète REFUsol
Consolidation dans les onduleurs : l'Allemand REFUsol passe dans le giron de l'Américain Advanced Energy Industries pour près de 70 millions d'euros*. Une décision stratégique pour la firme du Colorado, jusqu'ici essentiellement active dans les grands onduleurs centraux et surtout présente sur le marché nord-américain. Elle y gagne en effet à la fois une offre produits pour le secteur à forte croissance des toitures PV commerciales grâce aux onduleurs triphasés de branches de 8 à 24 kW de REFUsol et une plus forte présence à l'international, en particulier sur des marchés clés en Europe. Pour la nouvelle entité, le défi consistera toutefois à se positionner sur les marchés asiatiques …
Présente sur le marché du PV depuis 1997, la société REFUsol est une filiale du groupe allemand Prettl. La fabrication de ses onduleurs est sous-traitée dans des usines de sa maison mère, en Allemagne et en Hongrie. La société a naturellement bénéficié de l'essor du PV en Allemagne et figure depuis des années parmi les plus grands fournisseurs mondiaux. Elle dispose d'une infrastructure de ventes étendue en Europe, notamment dans les pays de l'Est, et commençait à s'investir en Inde et dans le Sud-Est asiatique, toutefois sans trop de succès jusqu'ici.
Entré sur le marché des onduleurs fin 2007, Advanced Energy s'est, pour sa part, plus fortement développé après le rachat, en mars 2010, de PV Powered, une société d'onduleurs fondée à Bend (Oregon) en 2003. L'Américain a ainsi pu se positionner dans le Top 10 des fabricants d'onduleurs PV mais, sans offre 50 Hz, il est restée cantonné en Amérique du Nord. Avec l'intégration de REFUsol, il renforce néanmoins sa position et acquiert une taille critique, déjà favorisée par la récente disparition de son compatriote et concurrent Satcon. Il vise maintenant un chiffre d'affaires de plus de 400 millions de dollars en 2014 pour sa division Solar Energy, qui commercialise des onduleurs et des solutions de gestion d'énergie. L'an passé, cette division avait atteint un chiffre d'affaires de quelque 225 M$. Le groupe fournit par ailleurs des systèmes de conversion et de contrôle de puissance pour l'industrie électronique (semiconducteurs, écrans plats, etc).
La nouvelle entité devrait se placer en 4e position du classement des fabricants d'onduleurs, derrière SMA, Power-One et Sungrow, un Chinois qui a récemment percé sur le marché mondial et a obtenu en février dernier une note « double A » lors des tests d'onduleurs du laboratoire Photon pour son modèle d'onduleur de branche 30 kW. Les marchés asiatiques (Chine, Japon) sont historiquement difficiles à appréhender pour des fournisseurs étrangers, et le marché des onduleurs ne fait pas exception. Dans un contexte de concurrence croissante sur le marché mondial du PV, SMA Solar Technology, société leader sur le marché mondial des onduleurs, a ainsi choisi d'entrer directement au capital d'un fournisseur chinois, Zeversolar.
* La transaction prévoit un paiement de 59 M€ « cash », 9 M€ de créances et 1,8 M€ de réduction de capital. A noter que la division Solar Energy a son siège social à Bend, dans l'Oregon.
Solardis combine le photovoltaïque et la végétalisation en toiture
Solardis, leader de l'étanchéité solaire, filiale du groupe Soprema, étend son catalogue avec l'offre Soprasolar Tilt Green permettant de réaliser des toitures vertes, durables et productrices d'énergie. Cette solution fait appel à des panneaux photovoltaïques rigides de SunPower fixés sur des consoles inclinées, le tout étant entouré de végétalisation. Jean Damian, pd-g de Solardis : « le marché du solaire est passé d'un marché stimulé par les tarifs d'achat à un marché tiré par les approches Bepos, et nous souhaitons accompagner ce développement avec des offres globales en couverture, incluant aussi la gestion et l'intelligence énergétique du bâtiment, notamment grâce à un partenariat avec SMA. Nous visons notamment aussi les futurs projets en auto-consommation » …
« En France, des solutions d'autoconsommation pourraient être installées, dans un premier temps, dans des bâtiments tertiaires comme des immeubles de bureaux, mais sans stockage », estime Jean Damian de Solardis. « L'électricité produite serait alors consommée en temps réel lors des périodes d'occupation des bureaux, et injecté sur le réseau le reste du temps. »
Solardis avait annoncé son offre Soprasolar Tilt en partenariat avec le fabricant norvégien de panneaux photovoltaïques REC en février 2012, afin de proposer une solution pour les bâtiments à forte performance énergétique (HPE, THPE, BBC, BePos,...), aussi bien pour des raccordement au réseau avec vente de la production d'électricité que pour des projets d'autoconsommation. Développée pour une mise en œuvre sans percement de l’étanchéité, l'offre comprend la pose de modules rigides avec une inclinaison sur une étanchéité bicouche bitumineuse adhérente ou semi-adhérente, sous avis technique (de la gamme Soprema).
La déclinaison Soprasolar Tilt Green, utilisant cette fois des panneaux PV plus puissants de SunPower, filiale du groupe Total, susceptibles d'être assemblés dans l'usine de l'Américain en Lorraine (« made in Europe » oblige), est une version « 4 en 1 » (étanchéité, isolation, PV et végétalisation), associée aux solutions de végétalisation de toiture Sopranature, et constituant une solution d'étanchéité photovoltaïque complète et complexe, de l'isolant à l'onduleur avec végétalisation de la toiture. Le coût global s'étalerait de 20 à 50 €/m2, tandis que l'investissement pour la seule partie PV se situerait autour de 1,7 à 2 €/Wc.
Parallèlement à l'annonce de Solardis, SMA France a dévoilé, pour sa part, outre la disponibilité de son micro-onduleur Sunny Boy 240 à partir du 3e trimestre 2013, après trois années de développement, son offre Sunny Boy 5000 Smart Energy, une solution avec stockage du surplus d'énergie produite dans une batterie 2 kWh intégrée, en couplage avec l'outil de gestion Sunny Home Manager.
Sur la base d'un exemple d'un foyer de quatre personnes avec une installation PV de 5 kW en toiture produisant 4500 kWh/an, Pascal Richard, directeur commercial de SMA France, a démontré que le taux d'autoconsommation pouvait monter jusqu'à 70% de la production : un taux de 20 à 40% d'autoconsommation naturelle (33% en moyenne), auquel s'ajoute un gain de 15% grâce à un pilotage de la consommation (automatique ou manuel et un gain supplémentaire de 15% apporté par le stockage. Les détails du Sunny Boy 5000 Smart Energy seront annoncés à l'occasion de la prochaine manifestation Intersolar Europe, qui se déroulera à Munich en juin 2013.
Membrane PV : vers une solution de remplacement pour Uni-Solar ?
Au-delà de l'extension de son catalogue produits, Solardis maintient également son offre Soprasolar à membrane photovoltaïque pour toiture terrasse, issue initialement d'un développement en commun avec Uni-Solar (groupe ECD) disparu de l'arène du PV l'an passé.
« Cette offre répond à un besoin. Nos projets en la matière nous apportent un bon retour d'expérience, avec un très faible taux de panne. Nous disposons actuellement d'un stock de membranes PV suffisant pour environ deux ans, ce qui correspond à la date de validité de l'avis technique. Depuis le dépôt de bilan d'ECD, nous n'avons pas encore d'autre offre technique sérieuse et vraiment pérenne. Mais, avec des acteurs du PV sur les cinq continents, il devrait pouvoir se trouver un fabricant capable de développer une solution de remplacement », nous a confié Jean Damian.
Prix des panneaux PV : la hausse ne se confirme que lentement
Selon la plate-forme commerciale [L]http://www.pvxchange.com|pvXchange[/L], la hausse des prix de gros des panneaux photovoltaïques en silicium cristallin et couches minces a été moins marquée en mars 2013 que prévu par les experts le mois précédent. Le prix des panneaux PV à couches minces est resté relativement stable tandis que celui des modules japonais en silicium cristallin a même encore régressé un peu. Seuls les prix de certains panneaux PV européens et asiatiques ont légèrement augmenté, preuve que l'enregistrement des panneaux chinois et les possibles taxes anti-dumping et anti-subventions rétroactives n'ont guère freiné, à ce jour du moins, les importations chinoises …
Pour pvXchange, ce sont les gros importateurs, la plupart ayant un siège dans les Pays-Bas, qui s'exposent le plus au risque des taxes rétroactives, mais pas les fabricants chinois qui fournissent en général leurs produits hors douanes (Incoterms CIF, FOB ou EXW), ni les négociants et installateurs régionaux qui achètent auprès des grossistes.
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