L'essentiel Lundi 22 Novembre @ VIPress.netParcs solaires au sol en régions : l'appel d'offres sera-t-il déclaré infructueux ?
La rumeur enfle, et a déjà été reprise notamment par L'Espress.fr : l'appel d'offres prévu par le Grenelle de l'environnement portant sur des installations photovoltaïques au sol, qui visait une puissance cumulée de 300 MW répartis sur 37 projets, avec au moins une centrale par Région de France, devrait être déclaré infructueux : les propositions sembleraient trop coûteuses pour les ministères concernés …
L'appel d'offres avait été lancé en mars 2009. Au final, 119 dossiers d'une puissance cumulée de 867 MW avaient été remis dans les délais à la CRE qui avait publié un bilan préliminaire à la mi-février 2010 (voir notre [L]http://article.lechodusolaire.fr/?id=ahhvbv{Pays}kejh|article[/L]). Depuis, plus rien ...
Philippe de Ladoucette, président de la Commission de la Régulation de l’Energie (CRE), a reconnu que la CRE avait fourni un classement des dossiers au ministre chargé de l'énergie, en l'occurrence Eric Besson, et que, pour certains des projets, le prix de vente de l'électricité était 7 à 14% plus élevé que les tarifs d'achat.
Audit en Commission du développement durable : la filière photovoltaïque en débat
La filière française du photovoltaïque devait être sur la sellette la semaine dernière à l'Assemblée nationale au cours d'un audit mené par la Commission du développement durable et la Commission des affaires économiques, sous les directions respectives de Christian Jacob et de Serge Poignant, avec la participation de Philippe de Ladoucette, président de la Commission de la Régulation de l’Energie (CRE). Au final, la filière était représentée par Hadrien Clément, président de l'Apesi, André Joffre, vice-président d'Enerplan, et Pâris Mouratoglou, président d'EDF EN ... ce qui a conduit plusieurs députés auditeurs à demander une réédition de l'exercice avec la présence d'industriels du PV. Nous avons compilé quelques pistes de réflexions mais aussi quelques affirmations parfois un tantinet erronées, qui ont fusé à cette occasion …
Sur la file d'attente : secret défense !
Consensus : les chiffres avancés par les uns et les autres varient tellement qu'une analyse approfondie de la file d'attente apparaît nécessaire.
La file d'attente semble en effet plutôt être un faux débat car elle ne représente pas la puissance en attente de raccordement mais l'ensemble des projets pour lesquels une demande d'achat a été déposée auprès d'EDF (NDLR : la file d'attente pesait 3,7 GW à fin juin 2010, et 4,5 GW à fin septembre 2010).
Selon une étude conjointe d'Enerplan et de l'Apesi, environ 80% des projets listés ne se réaliseraient pas, à cause de problèmes techniques, de problèmes de raccordement, de problèmes de financement, etc.
En outre, la puissance de raccordement réalisable en 2011 par ERDF n'est estimée qu'à 1200 MW, ce qui rendrait caduque toute assimilation de la file d'attente à la spéculation.
Sur les 4,5 GW de file d'attente au 30 septembre 2010, plus de 2 GW proviennent du pipeline d'EDF EN, chiffre aussitôt démenti par Pâris Mouratoglou, président d'EDF EN, qui reconnait seulement « des projets d'une puissance cumulée d'environ 300 à 400 MW dans la file d'attente. »
Sur l'évolution de la politique industrielle, de la réglementation, des tarifs d'achat
L'objectif d'une puissance photovoltaïque installée de 5,4 GW à l'horizon 2020 en France apparaît insuffisant. La puissance devrait être au moins doublée.
Pour les industriels, une baisse progressive des tarifs d'achat est acceptable s'il n'y a pas de frein au développement des projets, c'est-à-dire s'il n'y a pas de quotas, ou du moins s'ils ne sont pas trop restrictifs.
EDF EN est partisan de privilégier les centrales au sol, car « le photovoltaïque en toiture bénéficie seulement aux panneaux chinois. »
Or, pour l'Apesi, seulement 1/3 des panneaux installés en France sont de provenance chinoise.
Pour favoriser la mise en œuvre de produits français ou au moins européens, certains intervenants ont lancé l'idée d'un bonus/malus liée à l'empreinte carbone des panneaux PV utilisés.
Sur la R&D : la France est très en avance sur les Chinois !
"Dans trois ans, nous aurons une technologie française de cellules solaires en silicium à bas coût, le CEA ayant déjà réussi à obtenir des rendements de conversion de 20% sur des cellules de dimensions industrielles." (Pâris Mouratoglou, président d'EDF EN)
Les quatre propositions de l'Apesi
Dans le cadre de l'audit, l'Apesi a soumis quatre propositions clés, selon elle, pour le développement sain d'une filière photovoltaïque en France :
- une purge de la file d’attente afin de ne pas alourdir de façon artificielle le coût envisagé pour la CSPE. Cette purge prévoit une radiation de tous les projets dont la proposition technique et financière a été obtenue avant le 12 janvier 2010 et dont les producteurs n’ont pas encore passé commande de panneaux, avec quelques conditions suspensives (notamment les délais de
réponse de ERDF) ;
- des conditions de sortie de la file d’attente plus strictes pour les projets postérieurs au 12 janvier 2010 afin d’éviter la spéculation, mais ceci implique aussi un examen contradictoire des chiffres donnés par ERDF et une totale transparence sur le coût induit par le photovoltaïque pour la CSPE ;
- une réévaluation de l’objectif de 5,4 GW afin que la France ne s’exclut pas d’elle-même de la course à l’équipement en énergies renouvelables, en évitant à tout prix que les projets de fermes au sol ne soient attribués par un système d’appel d’offres nuisible à la concurrence ; le récent abandon de l’appel d’offre lancé en 2009 par le gouvernement serait d’ailleurs, selon l'Apesi, le symbole de l’incompatibilité d’un système d’appel d’offres avec les projets photovoltaïques en particulier au sol, où les études et les démarches administratives nécessitent à elles seules déjà 2 ans de travail ;
- la création d’un indice qui corrèlerait l'évolution des tarifs à la baisse effective des coûts supportés par les producteurs de photovoltaïque.
Pour ceux de nos lecteurs qui voudraient connaître tous les détails, un compte-rendu de cet événement est disponible en vidéo à la demande : [L]http://www.assemblee-nationale.tv/chaines.html?dossier=Commissions&commission=CION-DVP#|Commission des affaires économiques + Développement durable : Photovoltaïque[/L]
Le parc PV français comptait 109203 installations pour une puissance de 720 MW à fin septembre 2010
Selon le tableau de bord éolien - photovoltaïque, publié par le ministère du développement durable, la France comptait 109203 installations photovoltaïques pour une puissance cumulée de 720 MW raccordée au réseau à fin septembre 2010, soit une hausse de 137% comparé à fin décembre 2009 ; à titre de comparaison, l'éolien représentait 5322 MW (+15%) pour 835 installations …
La nouvelle puissance raccordée a atteint 416 MW au cours des trois premiers trimestres 2010 (dont 165 MW au seul 3e trimestre), soit une progression de 242% comparé à la période similaire de l'an passé.
Le poids des installations supérieures à 36 kW augmente fortement : fin septembre, 1287 installations totalisant 262 MW étaient raccordées fin septembre en métropole. Parmi celles-ci, 33 installations avaient une puissance égale ou supérieure à 1 MW.
Pour en savoir plus : [L]http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/169_CS_eolien_cle09c52c.pdf|Tableau de bord éolien-photovoltaïque au 3e trimestre 2010[/L]
Extension des capacités de production PV : les Chinois de plus en plus dominateurs !
C'était connu, mais iSuppli donne des preuves chiffrées : sept fabricants chinois de cellules solaires et panneaux photovoltaïques figurent parmi les dix plus grands investisseurs industriels dans le secteur en 2010, en terme de capacités de production. Selon la dernière étude d'iSuppli, ces sept Chinois augmenteraient ainsi leurs capacités de production de 6,4 GW cette année, soit 71,8% de la progression totale de la production des dix premiers mondiaux …
Les trois autres fabricants du Top Ten sont le Norvégien REC, qui vient d'ouvrir un site de production à Singapour, le Canadien Canadian Solar, qui fabrique exclusivement en Chine, et le Taiwanais Motech.
La liste est menée par LDK Solar, REC arrivant en 2e position. Les capacités de production des dix entreprises listées augmenteraient de 8,98 GW cette année, principalement grâce à l'achat de lignes supplémentaires de production de cellules solaires et d'assemblage de panneaux PV en silicium cristallin.
Le secteur des couches minces devrait, lui, relancer les investissements en 2011.
Par ailleurs, la Chine aurait produit 57% des modules PV livrés dans le monde en 2010, soit une puissance cumulée de l'ordre de 7 à 8 GW, contre moins de 1% en 2004. Environ 95% de la production chinoise est destinée à l'export. Ces informations ont été divulguées par la China Renewable Energy Society (CREC) lors d'une manifestation à Nanjing, en Chine, et publiées par Digitimes.
Enfin, les banques chinoises auraient, toujours selon Digitimes, contribué au développement des industriels du secteur PV grâce à des prêts d'un montant total supérieur à 27 milliards d'euros en 2010, notamment pour les sociétés LDK Solar, Suntech Power, Yingli, Trina, JA Solar et GCL-Poly.
Jean-Louis Bal prend la tête du Syndicat des énergies renouvelables
Réuni en assemblée générale le 16 novembre dernier, le SER (organisation professionnelle des énergies renouvelables en France) a élu Jean-Louis Bal, actuel directeur des productions et énergies durables de l'Ademe, au poste de président. Le 1er mars prochain, M. Bal succèdera ainsi à André Antolini, qui a dirigé le SER depuis plus de 13 ans …
Après avoir travaillé dans le domaine de l’énergie solaire pour le secteur privé durant 17 ans, Jean-Louis Bal a rejoint l’Ademe en 1992 où il s’est engagé pendant des années dans la promotion des énergies renouvelables. Il a été l’un des principaux rapporteurs du Grenelle de l’environnement.
André Antolini a été nommé président d’honneur, et s’est engagé à accompagner les actions de son successeur en tant que conseiller spécial. Il a notamment souhaité rappeler quelques fondamentaux : « Les éoliennes que nous installons aujourd’hui fourniront à nos enfants une énergie très bon marché. Quant à la crise de croissance que traverse l’industrie photovoltaïque dans le monde, elle doit être interprétée pour ce qu’elle est : une période d’ajustement technologique et économique pour accéder de façon durable à la ressource infinie du soleil. Les énergies renouvelables sont, j’en ai la certitude, une réponse décisive aux défis énergétiques et environnementaux de ce siècle. »
« Nous ne réussirons à atteindre l’objectif 2020 – 23% d’énergies renouvelables – que si nous parvenons à relever le défi du développement industriel des filières EnR. En tant que futur président du SER, je m’attacherai à la solidarité de toutes les filières en n’oubliant pas que, dans notre pays, si l’éolien et le photovoltaïque sont les filières les plus médiatisées, toutes les autres doivent contribuer de façon significative à l’objectif 2020 », a souligné, quant à lui, Jean-Louis Bal.
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