Mercredi 11 Juillet @ VIPress.net

Schott Solar mise désormais sur les couches minces et sur le solaire à concentration

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11/07/2012 16:44:55 :


L'annonce de l'arrêt des activités de l'Allemand Schott Solar dans le solaire photovoltaïque en silicium cristallin a créé la surprise sur un marché déjà bien bousculé depuis quelques temps. Nous avons demandé une analyse plus fine de la situation à Dominique Le Baron, responsable marketing pour le solaire chez Schott France, concernant la décision de la société et le marché du solaire en général. Explications …

Comment Schott Solar, actif dans le haut de gamme avec des résultats R&D remarquables, en est-il arrivé à cette décision ?
Dans les conditions de marché actuelles, très difficiles, une poursuite de l'activité photovoltaïque cristalline chez Schott Solar n'était plus économiquement viable. L'ensemble des mesures prises dans le domaine du solaire photovoltaïque cristallin, avec une baisse du coût de production de 50% en 2 ans, des avancées technologiques majeures et une croissance importante des ventes n'ont pas permis de contrer la concurrence asiatique dont les niveaux de prix sont très bas. Le groupe Schott Solar s'est retrouvé financièrement asphyxié. La direction de la société a recherché activement un partenaire afin d’injecter de nouvelles sources de financement dans la société. Des négociations poussées ont été menées mais elles n'ont finalement pas abouti.

Est-ce que cela va toucher l'ensemble de la production de Schott, dans le monde entier ?
L’arrêt de la production concerne les panneaux PV cristallins Schott Solar dans le monde entier. La production sera arrêtée progressivement dans le courant de l’année. Nos sites de fabrication en Allemagne à Alzenau, en République Tchèque à Valmez, continuent actuellement à produire. Seul notre site aux Etats-Unis a été arrêté le 29 juin. Schott France, filiale à 100% du groupe Schott AG, poursuit son activité et assurera le service après vente. Les conditions de garanties de nos modules photovoltaïques restent inchangées, tout comme l'engagement de Schott. De plus, Schott Solar ne fermera pas ses portes. La société continue la fabrication des modules à couches minces sur le site de Jena en Allemagne ainsi que celle des récepteurs pour centrales solaires thermodynamiques à concentration, en Allemagne et en Espagne.

N'aurait-il pas été possible de concurrencer les Asiatiques, qui mettent la pression sur les prix, sur leur propre terrain ?
Schott Solar a augmenté ses capacités de production d'un tiers l’année dernière, afin de créer des économies d’échelle. Cette croissance a été effectuée par le biais d'une joint venture avec le fabricant chinois Hareon Solar, sur le site de production de Taicang. Cependant, les productions en provenance de Taicang ne se sont pas avérées rentables. Tout d'abord parce que nous n'avons pas bénéficié de subventions de l'état chinois. Ensuite parce que nous avons appliqué au site de Taicang les mêmes standards internationaux de qualité, ISO 14001 ou ISO 50001 par exemple, que dans les autres usines de Schott Solar dans le monde. Au delà des aspects qualité, la stratégie de l’entreprise est basée sur le respect de la directive de l'entreprise relative au « système de gestion intégrée de la sécurité, de la santé et de l'environnement », qui tient compte des conditions de travail, de la sécurité au travail, etc.

Aurait-il fallu lancer une action anti dumping contre les Asiatiques en Europe ?
Le dumping pratiqué par les Chinois constitue effectivement une concurrence déloyale. C’est un des leviers sur lequel les pays européens, au même titre que les États-Unis, auraient pu agir afin de réduire l’écart de prix entre un panneau PV européen et un panneau asiatique. Un autre levier aurait pu consister à imposer les mêmes réglementations à tous les panneaux PV mis sur le marché européen. Les paramètres entrant en ligne de compte sont nombreux et complexes. Le cadre réglementaire des principaux pays européens dans le domaine du solaire a aussi évolué trop vite et de façon trop brusque, avec d'importantes baisses des tarifs d’achat. Les industriels du solaire n’ont pu infléchir leurs coûts de production au même rythme.

Quel avenir voyez-vous pour ce secteur ? en Europe ? Ailleurs ?
Le solaire figure, avec l'éolien, parmi les énergies renouvelables majeures, qui remplaceront à terme les énergies classiques. Un rééquilibrage du bouquet énergétique en faveur des énergies propres afin de réduire les émissions de gaz à effets de serre est une évolution logique. Au-delà du parc installé, le bâtiment neuf à basse consommation offre de belles perspectives pour la filière solaire. Il se développe dans les pays nordiques et en France. Les réglementations thermiques BBC et BEPOS devraient aussi impulser leur développement. Le secteur du solaire photovoltaïque vit aujourd’hui une crise, caractérisée par d’importantes surcapacités et des prix marché déconnectés de la réalité économique. Nous pouvons mettre en parallèle l’instabilité sur le marché et la baisse des politiques de soutien au photovoltaïque en Europe, qui rendent les investisseurs frileux. Les toutes récentes évolutions des politiques nationales en matière d’énergie solaire sur les deux principaux marchés européens que sont l’Allemagne et l’Italie laissent préfigurer une stagnation, voire une baisse à court terme du marché solaire européen. En France, l’issue des débats sur la transition énergétique n'est que pour le printemps prochain. Le plus grand potentiel de développement à court terme du marché du solaire PV se trouve dans les pays émergents comme la Thaïlande et l’Inde. La Chine également commence à développer un marché intérieur. Enfin, suite à la catastrophe de Fukushima, le Japon vient de mettre en place au 1er juillet un nouveau tarif d’achat très avantageux de l’électricité solaire PV.



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