Le 26 février dernier, le tribunal de commerce de Laval a placé MPO Energy en redressement judiciaire. Pendant les quatre ans depuis le lancement de son ambitieux projet PV 20 (voir notre article), la filiale du groupe MPO International spécialisé dans la production de CD et DVD, qui visait à se diversifier dans la fabrication de cellules solaires de haut rendement, a souffert du coup de frein sur le photovoltaïque suscité par le moratoire de décembre 2010 mais elle stigmatise aussi le manque de soutien de l'état. Désormais, l'objectif consiste à trouver un repreneur. Selon diverses sources, le producteur d'énergie de source renouvelable Neoen serait sur les rangs …

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L'espoir d'aides financières avait notamment été entretenu par la visite, en janvier 2013, de Delphine Batho, alors ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie. Le projet PV 20, dont le budget était estimé à 24 M€, se fondait sur un groupe d'industriels français et une technologie de cellule solaire initialement développée par le CEA-Liten aux côtés de l'INES (Institut national de l'énergie solaire). Il avait été soutenu par Oséo dans le cadre du programme d’aide aux projets d’innovation stratégique. Une aide à la réindustrialisation de 12 M€ avait aussi été apportée par la région Pays de la Loire. Enfin, la société d'investissements Demeter avait, pour sa part, mis 4 M€ sur la table dès 2011 pour entrer au capital de MPO Energy. La ligne de production pilote de cellules solaires avait représenté un investissement de près de 4,5 M€. De 16% en 2011, MPO avait réussi à monter à plus de 19% en rendement de conversion. Au-delà de la R&D, l'objectif consistait à mettre en place une capacité de production de 100 MW/an et à créer 200 emplois.

Les 15 employés actuels auraient été reclassés au sein du groupe. L'an passé, MPO International avait dû se résoudre à supprimer 90 emplois dans son activité traditionnelle, plombée par l'explosion des téléchargements.

Publiée par le think tank France Territoire Solaire (FTS), la 9e édition de l'Observatoire de l'énergie solaire photovoltaïque confirme une tendance lourde au ralentissement de l'activité du secteur photovoltaïque en France au 4e trimestre 2013, avec 188 MW raccordés au réseau. Pour FTS, les tarifs d'achat actuels de 13,81 c€/kWh pour les centrales semi intégrées sur les toitures de 9 à 100 kW et de 7,36 c/kWh pour les centrales supérieures à 100 kW (hors appel d'offres) n’ont plus de pertinence économique …



Seulement 605 MW ont été raccordés au total en 2013, soit un volume au plus bas depuis 2009, à peine plus de la moitié des raccordements de 2012 (-45%), et loin en-dessous des 800 MW visés comme cible annuelle. Pour FTS, l’abolition annoncée du bonus pour les panneaux européens aboutira à un marché dépendant quasi exclusivement des appels d’offres, sauf si un nouveau système d’incitation est mis en œuvre. Les appels d’offres lancés depuis 2011 n’ont pas encore d’effet significatif sur l’activité, ce qui laisse douter de l’efficacité du dispositif. Ainsi, le segment des grandes toitures de 100 à 250 kW est inexistant depuis 6 trimestres, car les projets lauréats des appels d’offres simplifiés pour ce secteur tardent à être mis en service. Logiquement, les projets lauréats des appels d’offres de 2012 devraient commencer à être raccordés dans les trimestres à venir. Le segment des centrales PV de plus de 1 MW (sols/toitures/ombrières) connaît une légère reprise en raison des premières réalisations de l’appel d’offres CRE 1 pour des centrales de plus de 250 kW dont les lauréats avaient été annoncées à l'été 2012. Les développeurs ont 24 mois pour construire ces centrales. Les résultats de l’appel d’offres CRE 2 (400 MW) de 2013 pour les grandes centrales sont attendus prochainement.

Dans le résidentiel, seuls 116 MW ont été raccordé sur les 12 derniers mois. L’ouverture du tarif résidentiel à tous les bâtiments n’a donc pas dynamisé ce segment, probablement du fait des contraintes d’intégration totale au bâti (IAB).

Selon des statistiques provisoires de l'EPIA, le volume des installations photovoltaïques mondiales a dépassé 37 GW l'an passé, un nouveau record avec une hausse de 35% qui porte à 136,7 GW la puissance totale dans le monde. En recul, l'Europe n'aura plus pesé que 28% d'un marché mondial tiré à 57% par la région Asie-Pacifique en 2013. En France, le potentiel photovoltaïque continue à être largement sous-exploité, estime l'EPIA …



L'Asie a donc pris la relève au bout de dix années de domination européenne. Le Vieux Continent s'est toutefois encore doté de 10,2 GW de nouvelle puissance PV l'an passé, après 17,6 GW en 2012, et 22,4 GW en 2011. Par pays, la Chine aurait installé à elle seule 11,3 GW en 2013, et le Japon 6,9 GW. Les Etats-Unis arrivent bon 3e avec 4,8 GW. « Le recul de l'Europe est principalement dû à un arrêt brutal des aides financières et à des mesures rétroactives dans certains pays, ainsi qu'à des changements non planifiés de la réglementation tarifaire, ce qui a sérieusement impacté la confiance des investisseurs », a souligné Gaetan Masson, responsable Business Intelligence de l'EPIA. Le marché italien a ainsi chuté de 70%, et le marché allemand de 57%. Hormis ces deux pays, le marché européen est resté relativement stable, à 6 GW.

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L'EPIA a par ailleurs élu un nouveau comité de direction, avec Oliver Schäfer, directeur du développement des marchés, SunPower, comme président. Trois vice-présidents et quatre directeurs ont également été élus. Les trois vice-présidents sont : Riccardo Amoroso, responsable Solar Joint Ventures d'Enel Green Power ; Murray Cameron, fondateur et directeur exécutif de Phoenix Solar ; Jodie Roussell, responsable de la communication Europe & Afrique du Nord de Trina Solar (en Suisse). Les quatre directeurs sont : Seb Berry, responsable des affaires externes de Solarcentury ; Christian Westermeier, vice-président ventes, marketing & ingénierie d'application de Wacker Chemie ; Conrad Burke, directeur général du marketing de DuPont Photovoltaic Solutions ; Arnaud Chaperon, vice-président senior pour la division énergies nouvelles/analyse prospective, relations institutionnelles & communication de Total. Enfin, le secrétaire général Reinhold Buttgereit quittera fin mars son poste, qu'il occupe depuis mai 2011.

Selon la plate-forme commerciale pvXchange, les prix de gros des panneaux photovoltaïques en silicium cristallin n'ont que peu évolué en février 2014. Les prix des panneaux PV en silicium cristallin de source asiatique sont de nouveau inférieurs à ceux des modèles européens mais restent globalement trop élevés pour stimuler le marché, ce qui ravive l'engouement en faveur des couches minces …



Depuis quelques semaines, la plate-forme commerciale pvXchange note en effet une demande accrue pour des solutions PV à couches minces, surtout pour les projets de moyenne à grande taille.

Les fabricants d'onduleurs comme Danfoss, Platinum (ex-Diehl Ako) ou encore Mastervolt, de taille moyenne, se retrouvent aujourd'hui attaqués de toutes parts. Le marché européen qui les a tenu à bout de bras pendant de longues années n'est plus ce qu'il était, la concurrence asiatique débarque mais eux n'arrivent pas à s'implanter sur le marché mondial, leurs coûts sont trop élevés, etc. Danfoss a trouvé une solution grâce à un accord avec SMA Solar Technology (voir notre article), Platinum est aujourd'hui sous le coup d'une insolvabilité provisoire, Mastervolt se recentre sur les produits encore porteurs …

Selon une source proche du dossier, le Néerlandais Mastervolt aurait stoppé la production de ses onduleurs pour le photovoltaïque connecté au réseau électrique, et recentrerait son offre sur les produits autonomes. Aucun détail n'a filtré jusqu'ici. Racheté en 2010 par le groupe Actuant, Mastervolt a subi la baisse des aides financières au déploiement du photovoltaïque en Europe et, par conséquent, des marchés en Allemagne et en Italie. Ceci peut-être plus fortement que d'autres fabricants car la société réalise 100% de ses ventes en Europe. Sur l'exercice fiscal 2012, elle a réalisé un chiffre d'affaires de 73 millions d'euros et un bénéfice opérationnel de 4 millions d'euros. Un programme de réduction des coûts (diminution des stocks, renégociation des prix avec ses fournisseurs, restructuration administrative, etc). Le recentrage de la gamme de produits est donc désormais à l'ordre du jour.

Platinum, fournisseur des onduleurs de la marque du même nom, a été placé, lui, en redressement judiciaire « provisoire » pour une durée de trois mois. L'objectif consiste à gagner du temps vis à vis des créanciers pour mettre en place une structure financière (plus) saine. La société allemande commercialise des onduleurs de haut de gamme pour le photovoltaïque ainsi que des systèmes de monitoring, des batteries de stockage d'électricité et des solutions de gestion d'énergie. Ses onduleurs se distinguent par un taux de rendement de pointe de plus de 98%.

Le marché du photovoltaïque est actuellement difficile, en particulier avec la pression sur les prix, précise Platinum dans un communiqué de presse, mais l'activité continuerait normalement pendant cette période. Les quelque 70 emplois ne sont pas impactés. « La production se déroule normalement et les livraisons sont garanties », souligne Holger Leichtlé, mandataire judiciaire provisoire (du cabinet d'avocats Schultze & Braun de Ravensburg) qui étudie actuellement un concept d'avenir économiquement viable avec la direction. Aucune solution (coopération stratégique, fusion/acquisition, etc.) n'est laissée à l'écart pour l'instant. La production est essentiellement assurée en sous-traitance chez Diehl Controls qui est aussi le développeur initial de la marque Platinum. L'activité avait été vendue en avril 2013 à l'investisseur bavarois Mutares (voir notre article) qui a filialisé l'activité sous le nom de la marque. D'après le quotidien allemand Schwäbische Zeitung, il semblerait que Mutares mette aussi sur la sellette l'accord de sous-traitance signé avec Diehl pour l'assemblage des produits, considéré aujourd'hui comme beaucoup trop coûteux.

Un sondage réalisé en janvier dernier par l'IFOP pour Qualit'EnR a montré que 72% des Français préféreraient consommer directement leur propre électricité s'ils avaient des panneaux photovoltaïques. Le marché de l'autoconsommation, appelé également « énergie potagère », peut donc démarrer. Dans cette optique, la jeune pousse montpelliéraine Comwatt, créée il y a trois mois, commercialise depuis janvier 2014 une solution de type smart grid, appelée IndepBox Power, couplée à une installation photovoltaïque qui s'adresse aux particuliers et aux professionnels souhaitant produire et consommer leur propre électricité …



Selon Comwatt, l'IndepBox Power permet de réduire jusqu'à 70% la consommation d'électricité. L'innovation majeure réside dans une gestion active des équipements électriques couplée à une utilisation maximale des énergies renouvelables, et dans la gestion automatique et intelligente des intermittences produites par le générateur solaire et l'effacement des pointes. Techniquement, le produit repose sur des brevets faisant appel à des protocoles standards de communication. Il a été conçu  pour intégrer rapidement de nouvelles fonctions par des mises à jour. « Nous l'avons développé sous la forme d'un système clé en main, facile à installer. Il propose les services suivants : mesurer, alerter, visualiser, planifier, piloter à distance les consommations et couper les appareils en veille. Des services en ligne et/ou en « cloud » sont disponibles pour échanger un savoir-faire autour des économies d'énergie avec d'autres usagers et des experts », souligne Grégory Lamotte, CEO et fondateur de Comwatt en novembre 2013.. Parallèlement à des travaux de R&D avec le CNRS, l'entreprise, lauréate du prix Oséo/BPI/Ministère de la recherche, se construit actuellement au sein de l'incubateur Cap Omega sis à Montpellier, avec une équipe de 10 personnes. Des formations sont proposées tous les 15 jours au réseau de distributeurs afin qu'ils s'approprient le produit et l'univers de l'autoconsommation. Les outils nécessaires au bon dimensionnement du générateur photovoltaïque sont également disponibles.

L'autoconsommation ne génère pas de surcoût pour la collectivité. Ses avantages : consommation de la production sur place, initiation à la production d'électricité et sensibilisation à la maîtrise du coût du kWh et aux économies réalisables (ou réalisées). Les futurs développements de l'IndepBox Power viseront à créer une communauté d'utilisateurs, favorisant la communication de pratiques vertueuses. Comwatt travaille aussi avec des collectivités territoriales à une stratégie de transition énergétique, en maximisant le recours aux énergies renouvelables locales.

Comwatt propose aussi l'IndepBox Easy, un boîtier permettant de visualiser et d'optimiser ses consommations électriques et énergétiques, et de réaliser jusqu'à 20% d'économies.