Lundi 7 janvier, Delphine Batho, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, s'est déplacé emblématiquement chez le fabricant de cellules solaires MPO Energy* pour présenter de vive voix les mesures d'urgence de soutien à la filière photovoltaïque française attendues depuis des mois : lancement d'un appel d'offres de 400 MW pour des centrales PV de plus de 250 kW en mars 2013, puis d'un deuxième au cours de l'année, et d'un appel d'offres de 120 MW sur un an pour des centrales PV de 100-250 kW (40 MW par période de quatre mois) intégrant un critère d'évaluation carbone, augmentation de 5% des tarifs d'achat pour le simplifié au bâti jusqu'à 100 kW, bonification de 5 à 10% du tarif d'achat pour tous les projets PV selon le degré du contenu européen des panneaux. Objectif : déployer au moins 1 GW de projets solaires en France en 2013 …

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Les professionnels attendent désormais avec impatience la publication des arrêtés entérinant ces mesures.

Parmi les mesures figure par contre aussi la baisse annoncée de 20% du tarif d'achat dit T5, malgré l'avis défavorable du CSE et l'indignation des acteurs de la filière, qui s'applique à tout système PV au sol ou de plus de 100 kW sur bâtiment hors appel d'offres. Ce tarif peut néanmoins aussi bénéficier de la bonification d’au plus 10% « afin de privilégier le développement d'installations créatrices d’innovation et de développement local », selon le communiqué de presse du ministère. Selon Delphine Batho, l’ensemble des mesures devrait susciter "des investissements de plus de 2 milliards d’euros et permettre la création ou le maintien d’environ 10 000 emplois pour un coût annuel maîtrisé pour la collectivité et estimé entre 90 et 170 millions d’euros, soit environ 1€ à 2€ par an en moyenne par ménage."

Le détail des mesures annoncées
Le discours de Delphine Batho a été ponctué d'appels au patriotisme écologique, à l'innovation et à la création de valeur ajoutée. Les mesures présentées, conçues avec pour principale vocation le soutien à la filière solaire française dans un contexte de concurrence déloyale s'inscrivent globalement dans ce discours. Elles préfigurent en outre la définition du futur cadre réglementaire prévisible, stable et durable pour le développement de l’énergie solaire et des autres énergies renouvelables à venir après le débat national sur la transition énergétique.

Pour les détails des mesures annoncées ainsi que pour les critères d'éligibilité à la bonification de 5 à 10%, cliquer sur le dossier de presse

Au-delà, la ministre a dévoilé son ambition de structurer rapidement la filière française avec un triple engagement : la mise en place d’un groupe de travail sur les schémas régionaux de raccordement au réseau des énergies renouvelables ; l'organisation d'une table ronde avec les acteurs de la filière en lien avec le ministère du redressement productif sur l’amélioration du financement des entreprises, la structuration de la chaîne de valeur, l’innovation et les choix technologiques qui pourraient être inclus dans le prochain appel d’offres ; la mise en ligne dès début février d’un répertoire des entreprises industrielles de la filière photovoltaïque française afin de faciliter l’information du grand public.

Les réactions des organismes professionnels
Appeler à la création de valeur ajoutée, au défi industriel et à l'innovation semble être un pari risqué pour une filière sur un marché sans croissance. Même un volume cible affiché « d'au moins 1 GW en 2013 », comme il est précisé dans le communiqué de presse, ne signale guère d'embellie économique pour un secteur qui a montré depuis au moins trois ans qu'il est capable de progresser beaucoup plus vite pour autant qu'on lui laisse la bride sur le cou.

Le SER-Soler, tout en regrettant la baisse de 20 % du tarif d'achat T5 rétroactive au 1er octobre 2012, préjudiciable pour les entreprises positionnées sur ce segment de marché, se dit « satisfait de la majorité des mesures annoncées. Elles permettront à l’outil industriel de traverser la période à venir jusqu’aux conclusions du débat sur la transition énergétique dont nous espérons qu’elles fixeront un cap ambitieux à la filière photovoltaïque française. Le SER apportera des propositions précises pour la construction d’un nouveau modèle de développement du photovoltaïque dans notre pays », a conclu Arnaud Mine, président de SER-SOLER.

Même son de cloche pour le président d'Enerplan Thierry Mueth. Interrogé lundi 7 janvier sur France Info, il a regretté la « lenteur du calendrier de l'appel d'offres pour les centrales de plus de 250 kW qui ne créera de l'activité qu'à partir de 2014 », tout en reconnaissant des « mesures réelles qu'il ne faut pas bouder ».

Préalablement au discours de Delphine Batho, Bruno Cassin, président du fabricant de panneaux photovoltaïques Sillia Energie, également interrogé sur France Info, a pour sa part regretté la mise en œuvre tardive de ces mesures d'urgence et souligné à quel point "la réglementation chaotique du marché photovoltaïque français des deux dernières années a fragilisé la filière industrielle et l'a obligé en partie de recourir à des périodes de chômage partiel pour survivre jusqu'ici."

* MPO Energy, filiale de MPO International, un leader du pressage CD et DVD, a lancé une diversification dans les cellules solaires début 2010. Voir nos articles, notamment ici et ici

Selon la société d'études de marché ENF*, l'année 2012 a été particulièrement difficile pour la filière industrielle chinoise du photovoltaïque. L'arrivée de nouvelles entreprises sur le marché a porté de 807 à 901 le nombre de fabricants présents sur la chaîne d'approvisionnement du solaire en 2011 et a alimenté la surcapacité de production déjà existante. Résultat : une brutale chute des prix et une explosion des faillites. Le prix des panneaux photovoltaïques chinois en silicium cristallin aurait plongé de 0,68 €/Wc en décembre 2011 à 0,46 €/Wc en décembre 2012 …

Les plus petites entreprises, souvent les plus fragiles, ont joué le rôle de variable d'ajustement. Des 901 fournisseurs chinois présents sur le cœur de la chaîne d'approvisionnement fin 2011, seuls 524 seraient toujours opérationnels aujourd'hui ... et 180 en veille, prêtes à se réveiller.

Selon ENF, la situation aurait même été encore plus désastreuse pour les acteurs présents dans les couches minces. Historiquement, le coût était quasiment leur unique avantage. Or ils ont assisté à l'écroulement des prix moyens de vente des panneaux classiques en silicium et n'ont pu rester compétitifs. Le prix des panneaux PV à couches minces de production chinoise a en effet chuté de 0,63 €/Wc en décembre 2011 à 0,57 €/Wc en décembre 2012.

* Pour plus de détails, voir le site d'ENF

Le parc photovoltaïque allemand a augmenté de 435,275 MWc en novembre 2012, passant ainsi à une puissance PV totale de 32,059 GWc, selon les chiffres publiés par la Bundesnetzagentur. Selon de premières estimations, les raccordements pourraient avoir atteint encore quelque 360 MWc en décembre, portant la puissance PV totale raccordée outre-Rhin l'an passé à plus de 7,6 GWc. Un nouveau record en terme de puissance annuelle installée, et probablement le dernier de ce genre en Allemagne …

Les sociétés d'études de marché prédisaient que le marché allemand du photovoltaïque perdrait sa suprématie au niveau mondial en 2012 du fait de la baisse mensuelle des tarifs d'achat depuis avril. Or, ils ont fait leurs calculs sans tenir compte de la dynamique existant dans le secteur. L'année 2012 devrait donc, normalement, se clore sur un nouveau record de puissance installée. Mais ce record ne sera peut-être plus battu, entre autres parce que les tarifs d'achat pour les centrales PV de plus de 10 MW ont été supprimés depuis le 1er octobre. De fait, aucun parc de plus de 10 MW n'a été raccordé au mois de novembre. Le volume total des installations (435 MW) a donc reculé à la fois par rapport à octobre 2012 (612 MW, après 980 MW en septembre 2012) et par rapport à novembre 2011 (660 MWc)

Les tarifs d'achat ont baissé de 2,5% au 1er janvier 2013. La Bundesnetzagentur devra publier au plus tard fin janvier le pourcentage de baisse applicable chaque mois du 1er février au 1er avril, pourcentage dépendra de la puissance totale nouvellement installée au 4e trimestre 2012.

PHOTO : La centrale PV de 18 kWc installée sur la toiture du siège des Galeries Lafayette à Berlin, un bâtiment conçu par l'architecte Jean Nouvel, est opérationnelle depuis 2011.

L'Allemand SMA Solar Technology renforce sa position de leader mondial dans les onduleurs et fait une avancée sur le marché chinois. La firme vient en effet de signer un accord visant une prise de participation de 72,5% au capital de Jiangsu Zeversolar New Energy, un important fabricant chinois d'onduleurs conçus aussi bien pour les besoins locaux que pour l'international. Le groupe compte développer en commun la capacité de production de 2 GW de l'usine existante à Yangzhong, au nord de Shanghai, mais essentiellement pour servir le marché chinois …

Zeversolar est une firme issue de la fusion, en mai 2009, de deux fabricants chinois d'onduleurs, Eversolar New Energy, actif dans les petites et moyennes puissances, et ZOF New Energy, spécialiste des onduleurs centraux, qui commercialise les gammes Eversolar, Evershine et Evercentral. Son siège est à Suzhou, près de Shanghai. En 2011, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de l'ordre de 30 M€, avec 215 MW de livraisons pour un effectif de 450 employés au niveau mondial (Zeversolar était notamment présent en Australie et, déjà, en Allemagne), dont 150 personnes dans le développement de produits.

« La Chine devrait constituer le plus grand marché solaire mondial dans les prochaines années. Les conditions locales spécifiques sur ce marché ne nous permettaient pas d'y accéder aisément. Cette prise de participation est une chance historique pour nous et d'une importance stratégique pour nous y ancrer et développer notre position de leader mondial », a souligné Pierre-Pascal Urbon lors de la signature de l'accord avec Chen Yulong, directeur général de Zeversolar. SMA vise essentiellement le marché chinois à partir de sa base commune avec Zeversolar. Accessoirement, la firme compte ainsi également pouvoir accéder, outre au réseau de clients de Zeversolar, aux décideurs stratégiques du secteur de l'énergie en Chine.

Pour SMA, cette prise de participation représenterait un coût d'environ 40 M€. La transaction nécessite encore les autorisations des autorités chinoises et de l'office allemand des cartels.