Dans sa dernière étude, intitulée Global Market Outlook for Photovoltaics 2014-2018 et dévoilée à l'occasion de la manifestation Intersolar 2014, l'EPIA prévoit un marché européen du photovoltaïque « très probablement » en baisse encore en 2014, à environ 8-9 GW, puis en légère croissance annuelle vers les 10 à 12 GW d'ici 2018, ce qui illustre les incertitudes pesant actuellement sur le secteur. Le syndicat industriel est toutefois un habitué des rapports avec des scénarios de déploiement plus ou moins optimistes. Partant, il juge que le marché européen pourrait atteindre 17 GW en 2018, mais sous certaines conditions …

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La baisse des tarif d'achat dans de nombreux pays d'Europe freinera sérieusement certains marchés cette année, estime l'EPIA, et peu de marchés émergents sont susceptibles de compenser cette baisse. A court terme, le marché devrait stagner voire décliner. La transition vers un marché compétitif s'annonce difficile au moins pour les cinq prochaines années, d'où un pronostic conservateur de 6-8 GW pour 2014. Dans le meilleur des cas, le marché renouerait avec la croissance à partir de 2015, ce qui nécessiterait au minimum une stabilisation sur les grands marchés tels que l'Allemagne et l'Italie, le maintien des réglementations tarifaires eu Royaume-Uni et une reprise en Espagne et, aussi, en France, ainsi qu'un « soft landing » en particulier en Grèce et en Roumanie.

Le volume PV de 38,4 GW raccordé en 2013 dans le monde, dont 11 GW en Europe, a conforté l'EPIA dans ses prévisions historiques, avec ses scénarios plus ou moins optimistes et une courbe moyenne. Selon ses actuelles prévisions, la puissance photovoltaïque installée et raccordée en Europe pourrait se situer entre 119 et 156 GW en 2018, après 81,5 GW fin 2013. La barre des 100 GW pourrait être atteinte en Europe en 2015, dans le meilleur des cas.

Pour consulter l'étude de l'EPIA, cliquer ici

Selon NPD Solarbuzz, le marché européen du photovoltaïque pourrait reculer de 7% cette année, à quelque 10 GW. Et encore : ce volume ne serait atteint que si le marché britannique tient ses promesses de forte croissance cette année, selon l'analyste Susanne von Aichberger …


Le marché européen du PV baisserait ainsi pour la 3e année consécutive, après avoir atteint un volume record de 19,2 GW en 2011. En trois ans, la part du marché européen au sein du marché mondial chuterait donc de 70% en 2011 à tout juste 22% en 2014. L'Allemagne, l'Italie et la Grèce se répartissaient 71% du marché européen en 2011, une part qui est désormais tombée à 37%. Selon NPD Solarbuzz, le marché européen a pourtant progressé de 10% comparé au 4e trimestre 2013, et n'a reculé que de 8% par rapport au 1er trimestre 2013. « Historiquement, le 1er trimestre d'une année calendaire a toujours été moins porteur en Europe mais des plans de réduction des soutiens financiers dévoilés au Royaume-Uni courant avril mais déjà sous-entendus auparavant ont tiré la demande en mars », souligne Susanne von Aichberger.

Le marché britannique a représenté 43% du marché européen au 1er trimestre 2014, parce que les incertitudes sur l'avenir des certificats verts ont eu un impact immédiat sur la demande. Le marché devrait croître en 2014 en France, aux Pays-Bas, en Autriche, au Portugal et en Suisse. La Turquie devrait aussi afficher une demande significative cette année, mais nous prévoyons une baisse de la demande en Belgique, au Danemark, en Roumanie et en Ukraine », précise Susanne von Aichberger. « Les dispositifs de soutien devraient bouger sur les marchés matures tels que l'Allemagne, l'Italie et la France pour évoluer vers des prix de marché pour l'électricité PV. C'est en Italie que les autorités ont pris les mesures les plus drastiques pour s'affranchir des tarifs d'achat avec l'arrêt pur et simple du dispositif Conto Energia en juillet 2013, les derniers projets ont été finalisés en mars 2014. A l'avenir, la demande dans ce pays sera tirée par la facturation nette, les contrats d'achat de gré-à-gré, la vente directe et des crédits d'impôts. »

Selon le tableau de bord éolien-photovoltaïque publié par le CGDD (Commissariat général au développement durable), le parc photovoltaïque français s'est agrandi de 163 MW de puissance raccordée au cours du 1er trimestre 2014, soit +48% comparé au 1er trimestre 2013 (où le volume était particulièrement bas) mais -12% par rapport au 4e trimestre 2013. Le parc PV français, toutes régions et territoires cumulés, s’élevait à 4866 MW à fin mars 2014, dont 4534 MW en métropole. Des projets concrets d'une puissance totale de 944 MW devraient se concrétiser dans les prochains mois, ce qui laisse au moins espérer pour cette année une puissance raccordée supérieure aux 643 MW de 2013 …



La puissance totale des installations raccordées au cours de l’année 2013 ressort finalement à 643 MW, contre une estimation de 613 MW dans le précédent tableau de bord (voir notre article), contre 1117 MW en 2012 (-42 %) et 1761 MW en 2011. Les données au 31 mars 2014 intègrent pour la première fois l’île de Mayotte avec une puissance estimée à 13 MW. Les installations de grande taille, supérieures à 250 kW, constituent plus de 60 % de la puissance installée sur le trimestre.

Les quatre régions les plus méridionales de la France continentale, à savoir Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et Aquitaine, concentrent près de 45 % de la puissance installée en France. Au premier trimestre 2014, la région Paca conforte sa première place avec 33 MW de nouvelle puissance PV raccordée, ce qui porte son parc total à 697 MW. En Aquitaine et Auvergne, le parc s’accroît également de plus de 6%.

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En avril 2014, le parc photovoltaïque allemand s'est agrandi de 163 MW pour 6899 nouvelles installations, selon les chiffres publiés par la Bundesnetzagentur, soit une légère hausse de 4,6% comparé au mois précédent mais une baisse de 46% comparé à avril 2013. Aux États-Unis, le parc PV s'est agrandi de 1,33 GW au 1er trimestre 2014, en recul de 37% comparé au 4e trimestre 2014 mais en progression de 79% par rapport au 1er trimestre 2013 …

Seulement 21 des nouvelles installations PV raccordées outre-Rhin en avril 2014 affichent une puissance supérieure à 1 MW. Le syndicat professionnel BSW-Solar tire la sonnette d'alarme. Le parc PV allemand atteint désormais 36,3 GW, mais avec seulement 622,6 MW sur les quatre premiers mois de l'année, contre 1144 MW sur la même période de 2013 voire 2329 MW en 2012 (soit respectivement une baisse de 46% et de 75%). Le BSW-Solar critique la baisse du volume annuel des installations PV en Allemagne, qui risque encore d'empirer avec les projets de suppression des tarifs d'achat, alors que, ailleurs dans le monde, le PV est sur une pente ascendante. De fait, la puissance annuelle installée a triplé en Chine et au Japon, et progressé de plus de 40% aux États-Unis en 2013. Il y a quelques jours, la Chine a dévoilé des projets de déploiement encore plus ambitieux, avec un triplement du volume total raccordé d'ici 2017. Au global, la demande mondiale devrait croître d'au moins 20% cette année.



Aux États-Unis, les statistiques fournies par le syndicat professionnel SEIA et la société d'études de marché GTM Research affichent, pour le premier trimestre 2014, 873 MW de grands projets utilitaires, 232 MW au titre du marché résidentiel et 225 MW de centrales PV commerciales/non résidentielles.

Pour NPD Solarbuzz, la puissance photovoltaïque installée aux États-Unis pourrait monter à 20 GW d'ici fin 2014, soit une hausse de 100% en dix-huit mois puisque les 10 GW étaient atteints à la mi-2013. Pour l'analyste Michael Barker, plusieurs facteurs autres que la baisse des coûts matériaux favorisent le déploiement des centrales photovoltaïques outre-Atlantique qui progresse de plus de 50% par an depuis 2006. Une baisse des aides publiques, un risque bien réel, entraînerait toutefois un recul du marché, et l'incertitude sur l'issue des enquêtes sur les produits PV de Chine et Taïwan est un vrai défi pour les investisseurs …


Outre la baisse des coûts matériaux, la hâte des développeurs de projets à finaliser un maximum de centrales solaires avant la diminution des crédits d'impôts à l'investissement contribuent à la croissance du marché, tout comme la disponibilité de financements et la création de nouveaux modèles commerciaux pour fournir de l'électricité à prix compétitif. Les centrales PV au sol dominent toujours le marché nord-américain mais toutes les catégories de systèmes ont le vent en poupe, grâce à de nouvelles sources de financements, des concepts de location de toiture et de leasing. Pour Michael Barker, une baisse dramatique des aides publiques ou une pénurie de panneaux PV du fait d'une limitation des importations aurait un effet désastreux, avec un recul du marché et/ou des augmentations de prix, et ce plus ou moins rapidement dans tout le pays.

A l'instar de la France et d'autres pays, le Royaume-Uni vient à son tour de lancer un débat pour réduire ses aides financières au solaire. Objectif : limiter, pour l'état et les consommateurs, les coûts induits par un déploiement plus rapide que prévu des centrales photovoltaïques outre-Manche, notamment des grandes fermes solaires rétribuées par des certificats d'obligations renouvelables (ROC), et promouvoir le segment des toitures moyennes bénéficiant, elles, d'un tarif d'achat avec une dégressivité planifiée. Lancée le 13 mai dernier, la consultation du ministère britannique de l'énergie (DECC) propose la suppression des ROC pour les sites de plus de 5 MW au 1er avril 2015 …


Force est de constater que, comme tous les pays ayant boosté le déploiement du photovoltaïque sur leur sol à l'aide de tarifs d'achat ou d'autres dispositifs incitatifs, le Royaume-Uni n'échappe pas à la règle de la "courbe infernale" (Source : First Solar, L'Echo du solaire) ... toutefois, rien ne permet à ce jour de prédire un écroulement du marché britannique même si le syndicat professionnel STA (Solar Trade Association) a déjà tiré la sonnette d'alarme.

La consultation actuelle, qui sera close le 7 juillet prochain puis devrait être rapidement suivie des décisions gouvernementales, part du constat que le déploiement du photovoltaïque au Royaume-Uni (Angleterre, Pays de Galles et Écosse) a pris de l'avance sur l'objectif de 2,4 à 4 GW de grandes fermes solaires d'ici 2020. Le dispositif des ROC visait à « encourager un déploiement lent mais stable », précise le DECC qui prévoyait environ 900 MW de nouvelles grandes fermes solaires d'ici 2016/2017. Les dernières statistiques font toutefois état d'un volume d'installations bénéficiant de ROC de 545 MW à fin mars 2014 , et de 1,2 GW de projets en attente d'accréditation. Selon des sources industrielles, une puissance supplémentaire de 1,5 GW de grandes fermes solaires pourrait encore être installée en 2014/2015, sans aucun signe de ralentissement pour la période au-delà. Ceci conduirait à plus de 5 GW de PV à l'horizon 2017, soit largement plus que ce qui est considéré comme « supportable » par le DECC qui estime devoir intervenir. Ses propositions : supprimer le régime des ROC à partir du 1er avril 2015 pour toutes les centrales PV de plus de 5 MW, sur bâtiments et au sol, qu'il s'agisse de nouveaux projets ou d'extensions de projets existants (sauf si une accréditation a été obtenue avant le 13 mai 2014 ou si d'importants engagements financiers d'au moins 100000 £/MW ont été pris avant cette date). Ces fermes solaires pourraient alors recourir au futur mécanisme des contrats de différence (CFD), déjà en place pour l'éolien, pour vendre l'électricité produite ; les premières allocations sont prévues sous forme d'enchères à partir d'octobre 2014.

Le ministère souhaite par contre encourager le développement de projets PV en toiture au-dessus de 50 kW, une démarche qui serait plus fortement créatrice d'emplois. Sa principale proposition dans ce domaine consiste à moduler la diminution des tarifs d'achat à la fois selon le type de centrale PV et selon le volume installé par trimestre. Globalement, le tarif d'achat devrait baisser moins vite pour les projets en toiture que pour les systèmes au sol.

Dans son document, le ministère précise en outre que des contraintes plus draconiennes ne sont pas à exclure suite à cette consultation et/ou à l'avenir, si le risque budgétaire du déploiement PV devait s'avérer plus élevé que ses estimations actuelles.

Pour en savoir plus, notamment sur d'autres solutions d'évolution des mécanismes de soutien au déploiement du solaire non retenues à l'heure actuelle (plafonnement du nombre de ROC ou de la puissance cible), cliquer sur le document de consultation